Écrit par Paul | Publié le dans Guide.
Nous voilà donc dans notre avant-dernier article pour ce premier guide rapide, non exhaustif. Au programme du jour, étalonnage et effets spéciaux. Les dernières étapes peut-être optionnelles de la réalisation de votre film.
Cet article est dans la continuité de nos précédents posts sur le montage image ainsi que celui sur le montage son.
Commençons par les bases. Les effets spéciaux ne sont pas obligatoires, en fait, c’est un plus. Vous pouvez réaliser un film parfaitement normal qui ne nécessite aucun effet spécial.
C’est pour cette raison que je commence cet article par l’étalonnage, mais sinon, sachez qu’afin de mieux faire correspondre les couleurs, les effets spéciaux sont généralement travaillés en parallèle de l’étalonnage par deux équipes différentes. Sinon, on peut obtenir des résultats… étranges… obligeant une équipe ou l’autre à recommencer son travail.
L’étalonnage s’effectue en plusieurs étapes, tout comme les différents montages, plus ou moins longues, mais surtout répétitives. Le but est d’uniformiser le film afin qu’il ne fasse qu’un ensemble. Que les différents plans parfois tournés à des moments différents de la journée soient cohérents, les uns par rapport aux autres. Afin que les ambiances visuelles soient cohérentes, tout au long du film.
Il y a toute une histoire, toute une symbolique derrière les couleurs, leur importance, le choix et l’impact qu’elles ont sur votre histoire. Mais toute cette partie théorique, artistique, fera l’objet d’un autre article, rattaché plus tard au Guide.
Mais voyons quand même un tout petit peu de théorique.
Dans le cinéma, dans les films, tout a son importance. Disons-le maintenant. N’allez pas croire que vous allez pouvoir changer la couleur des costumes de vos personnages, ça, il fallait y penser avant le tournage. (Même si vous pouvez changer la couleur du costume à l’étalonnage)
Cependant, si vous désirez que les couleurs aient une importance dans votre film, si vous voulez qu’elles symbolisent quelque chose en particulier, vous devez y penser en amont. C’est moins de travail. Moins de temps et donc, bien plus rapide.
L’étalonnage permet de donner davantage de profondeur coloristique, permet de mettre en avant certains détails de l’image, ou au contraire, de les invisibiliser. Ces couleurs vous permettent aussi d’illustrer, de coloriser des ellipses temporelles.
Couleur | Symbolique |
---|---|
Bleu | Gentil, du héros et de ses alliés, du bon. (Star Wars, est une bonne illustration) |
Rouge, Pourpre, Marron | Méchant, en général. Le mal par extension. Ce qui est mauvais, ce dont on doit se détourner. Parfois, le rouge est utilisé pour mettre en avant un élément particulier de l’image. |
Blanc | La pureté, en général. Parfois, aussi employé pour mettre en avant un élément particulier. Mais le plan est synonyme de l’immaculé. |
Noir | L’exact opposé du blanc. Alors que ses nuances permettent d’accentuer, justement, les ombres, les contrastes et d’ajouter de la profondeur à l’image. Le noir est mal vu, et pourtant fort utile dans l’image. |
Doré | La puissance. Le pouvoir. La joie. Le bonheur. Souvent brillant, souvent tape à l’oeil. Pas vraiment adapté pour un film apocalyptique (qui préférera alors le couper avec de l’orange, de l’ocre et du marron) |
Vert | Couleur de la maladie, du surnaturel, de Hulk. Couleur de ce qui n’est pas naturel, ce qui est malsain, malade. 🤢 |
Voyons rapidement mes différentes étapes lors de l’étalonnage sous Davinci Resolve, dont l’étalonnage se fait dans une fenêtre avec différents noeuds. Ainsi, chacune de mes étapes correspond à différent noeud.
La première étape consiste à refaire la balance des blancs de l’ensemble des plans du film. Pour un très court-métrage, cela peut représenter cent plans. Pour un film un peu plus long, mais toujours court, on peut facilement atteindre les quatre cents plans.
Il s’agit d’une étape longue et particulièrement fastidieuse. Parfois, pour les mêmes plans d’une même scène, tournées à un intervalle pas trop long, vous pouvez vous retrouver à faire une toute nouvelle correction colorimétrique.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Tout simplement à ajuster les différents curseurs afin que les rouges, les verts ou les bleus ne soient pas surexprimés dans le plan à l’écran. Il faut s’aider de ses yeux et y passer des heures.
NOTA : Pour séparer les différents réglages YRGB, il suffit de cliquer sur le petit maillon à gauche qui apparaît (normalement) en blanc. Une fois le paramètre délié, le maillon apparaît grisé.
Une fois la balance des blancs effectués pour tous vos plans, vous allez pouvoir commencer à Copier et Coller les différents noeuds que vous commencez à composer. Mais uniquement sur la scène, pas sur l’ensemble de votre film.
Pour copier : Ctrl (CMD) + C
Pour coller : Alt (Option) + V => Coller les attributs ou Paste Attributs puis Appliquer ou Apply.
Parfois, après l’étape de la balance des blancs, on se rend compte que la luminosité a été altérée, on peut l’augmenter, légèrement. On va créer un nouveau noeud, et pousser un peu la courbe Y, en faisant bien attention à délier le réglage YRGB. L’étalonnage se fait à l’oeil lorsqu’on ne possède pas d’écran étalonné, ou de sonde d’étalonnage.
Ici, on s’assure que les noirs soient bien noirs. On augmente les contrastes, on fait ressortir les ombres. Sauf si on préfère les images moins contrastées, plus fades. On peut bouger le Pivot afin d’influencer sur les contrastes. Mais libre à vous d’étalonner à votre convenance.
Dans un nouveau noeud, on va altérer la température des couleurs si nécessaire. Admettons qu’on ait tourné à huit heures du matin, une scène qui devait se dérouler vers midi, ou inversement. Eh bien, assez simplement, on va pousser le curseur température d’un côté ou de l’autre de l’écran pour que l’effet recherché, colle au scénario. On peut commencer à toucher aux différentes roues afin de coller un peu mieux encore à la teinte recherchée pour la scène.
On ajoute un nouveau noeud, toujours sur cette même page, on peut ou bien désaturer les couleurs, ou bien les booster, via l’onglet Saturation réglé à 50, mais aussi via Éclat de la couleur réglé sur 0.
Ici, c’est la partie créative. Vous mettez l’ambiance que vous souhaitez à votre film. Soit directement via les roues, vous pouvez complémenter avec les courbes (et les huit pages de courbes qui vont avec). Je ne peux pas vous donner de conseil sur cette partie, si ce n’est que d’expérimenter jusqu’à ce que le rendu vous plaise.
Vous pouvez mettre vos différentes couches d’ambiance sur différents noeuds, ce que je recommande, notamment si vous appliquez une correction colorimétrique qui pourrait altérer le teint de votre acteur(trice).
Nota : D’ailleurs sachez que Davinci embarque un puissant outil de tracking que vous pouvez lier à des Power Masks aussi simplement appelés Mask et qui vous permettent donc d’éviter d’appliquer votre correction colorimétrique à l’intégralité du plan.
Enfin, en dernière partie, étape. La touche finale. Un nouveau noeud ou plusieurs. Vous ajoutez ce qui, pour vous, devrait être ajouté. Puis, vous pouvez suivre ce petit conseil que j’ai emprunté à internet.
Vous avez fini l’étalonnage.
Bien évidemment, plutôt que de vous embêter avec toutes ces étapes vous auriez pu passer par un LUT tout fait, tout prêt. Vous pouvez d’ailleurs toujours l’ajouter à votre étalonnage. Ou bien, vous pouvez vous satisfaire de votre travail.
N’oubliez pas de vérifier que votre travail d’étalonnage rend de la même façon d’un écran à un autre. Sinon, c’est le drame.
Les effets spéciaux sont beaucoup trop importants et vagues pour être abordés dans un seul article. Par ailleurs, je ne pense pas que l’article standard soit le plus adapté à cette tâche.
Chaque effet nécessiterait son article et, il s’agit d’une tâche longue et chronophage. Si vous les maîtrisez, faites-les. Si vous ne savez pas faire, évitez-les.
Suivant la demande, via mail, twitter, facebook et instagram, nous ajouterons ces articles (ou vidéos) à ce guide — ou à un autre guide spécifique —.
Nous ne verrons donc pas ici : la réalisation et incrustation de fumées, brouillards ; ni les coups de feu, explosions et détonation et autres.
L’incrustation étant la base des effets que vous pourriez avoir besoin, par exemple pour remplacer en postproduction un écran de télévision, ou de téléphone, ou d’ordinateur. Voyons l’indispensable.
Pour les écrans, un fond vert uni réalisé sous Photoshop ou Gimp, avec comme valeur Green ou Vert à 255 ou 100%. Si vous filmez à la main, ou en tout cas, pas sur trépied ajoutez-y ou bien des triangles d’un vert plus foncé, ou des croix, toujours dans un vert foncé. (Si vous travaillez en bleu, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent)
Pour le fond vert, vous n’avez pas le choix que d’acheter un véritable fond vert, soit pliable, soit enroulable, soit en drap. Il vous faudra aussi, un support, des pinces et de l’éclairage pour éclairer le fond vert et surtout pour éclairer, au moins, l’arrière de votre acteur(trice) placé devant le fond vert.
Pourquoi ? Pour vous aider à détacher professionnellement, dirons-nous, votre acteur(trice) du fond vert, sans que les cheveux, le costume, les accessoires n’accrochent au fond et que des reflets chromatiques vous en fassent voir de toutes les couleurs, en postproduction.
Si vous n’avez pas les moyens pour tout ça, oubliez tout simplement l’utilisation d’un fond chromatique.
Point important, tout simplement parce que ces deux couleurs ne se retrouvent pas naturellement dans la couleur de la peau d’un être humain. Ce qui permet d’éviter de faire disparaître accidentellement, toute une partie du corps. Puis, parce que le vert est une couleur qui apparaît particulièrement bien à la caméra, grâce aux capteurs.
Enfin, pour conclure cet article et ce passage très bref sur les effets spéciaux, vous pouvez ajouter à votre montage des bokeh à l’aide de masquage progressif et donc de rotoscopie (long et fastidieux) sous Davinci Resolve, After Effects, Blender… sachant que le mieux est d’investir dans un bon objectif avec une faible profondeur de champ et beaucoup d’éclairage en fond.
Pour le lens flare, beaucoup plus facile de passer sous After Effect ou Davinci Resolve, de traquer rapidement le plan et d’ajouter l’effet au plan, proprement. Soit en bourrin sur certains plans choisis.
Mais c’est du travail et quand c’est mal fait, c’est pas bon du tout. Filmez avec un angle un peu particulier face au soleil (ou à un éclairage un peu puissant) et vous aurez un lens flare naturel et beau à utiliser avec parcimonie.
Pour conclure cet article, je dirais que les effets spéciaux sont à penser en amont, tout comme l’étalonnage et le choix de l’ambiance colorimétrique. Si vous ne maîtrisez pas les effets spéciaux, ni l’étalonnage, faites correctement votre balance des blancs durant le tournage. Et, en ce qui concerne les effets spéciaux, n’en mettez pas ou privilégiez ce que vous pouvez faire devant la caméra plutôt qu’en post-production.
Nous reverrons, peut-être, plus tard d’autres effets spéciaux. Mais, pour commencer, on est déjà pas mal.
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Autodidacte et touche-à-tout, j'ai dû cesser les études après l’obtention de mon baccalauréat pour raison de santé et je me suis consacré entièrement à l’écriture de scénarios, de romans, au dessin, ainsi qu’à la réalisation, au montage, à l’étalonnage, au mixage et à la réalisation d’effets spéciaux pour l’art audiovisuel.
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